Chronologie

Etablie principalement d’après les ouvrages  de

  • Vera Kornicker, Cézembre, l’île interdite, La Découvrance, Cesson Sévigné, 1998
  • Philippe Delacotte, Les Secrets de l’île de Cézembre, Cristel, Saint-Malo, 2019

Le roman respecte dans les grandes lignes la chronologie de l’histoire de l’île, avec toutefois des libertés prises autour des années 1910-1914 : certains épisodes, comme l’arrivée des disciplinaires belges ou l’ouverture aux touristes, ont été décalés de quelques années afin de pouvoir être insérés avant la Grande Guerre.

– 17000 BC : suite à une glaciation entraînant le recul de la mer, une forêt aurait entouré la Bretagne et permis de gagner Jersey à pied.

Source  :  site https://www.nhu.bzh/foret-de-scissy-entre-bretagne-et-normandie/

Néolithique (6000-2200) : présence humaine attestée par un vestige archéologique de hache. À cette époque, Cézembre et la côte communiquent encore.

VIe siècle : selon la légende, Saint Brendan et le moine Maklov (ou Maclou) auraient débarqué à Cézembre. L’île est mentionnée dans une hagiographie.

709 : raz-de-marée légendaire qui aurait entraîné une spectaculaire montée des eaux. Il est plus probable que celle-ci s’est étagée sur des milliers d’années, et qu’elle a été favorisée par des successions de tempêtes.

1108 : L’île tient encore au continent par des prairies marécageuses. Les toponymes suggèrent que la zone qui la reliait à la cité d’Alet abritait des vergers, et peut-être un moulin.

« Carte établie par Jules Haize en 1900 dans Histoire de Saint-Servan d’après un mémoire de l’abbé Manet (1929) représentant un trait de côte avant la grande marée hypothétique de 709. » (Extrait de Philippe Delacotte, p. 100)

Au XIIe siècle, des ascètes se retrouvent sur l’île pour prier : c’est le début d’une tradition monastique.

1420 : un prêtre, Raoul de Boisserel (Saint-Malo) est autorisé par l’évêque à s’établir à Cézembre. Il doit y établir un oratoire ou une chapelle. Ce sera l’oratoire de Saint Brendan.

Au XVe siècle, des fermages sur les « prairies de Cézembre » sont encore perçus. On accède à l’île par une sorte de gué découvert par la marée.

1469 : établissement d’une colonie des Cordeliers de l’Observance (ordre franciscain),

qui y construisent un couvent et une église.

1486 : Pierre Billard, receveur du chapitre de Saint-Malo, ne peut plus encaisser les fermages des prairies de Cézembre, la dernière ayant été engloutie. L’île perd le contact avec la terre.

1518 (octobre) : François Ier visite Cézembre

1544 : attaque des Anglais. Les assauts répétés conduiront à la fortification de l’île.

1570 : Charles IX, sa mère Catherine de Médicis, et sa sœur Marguerite de Valois visitent Cézembre.

1591 : installation d’une garnison d’une vingtaine d’hommes pour protéger l’île des Anglais.

1612 : Les Cordeliers sont remplacés par les Récollets de Bretagne, franciscains réformés. Une nouvelle église est construite et les riches Malouins demandent à être inhumés sur l’île.

1692 : l’île est rattachée au Domaine royal et sa vocation devient militaire. On y installe des batteries de tir. Sa position en fait un verrou essentiel dans toute tentative de prise de Saint-Malo (par les Anglais, par exemple…)

1693 : nouvelle attaque anglaise. Le couvent est incendié. Les Récollets quittent définitivement l’île l’année suivante et sont interdits d’y revenir.

1695 : construction de retranchements. Plus de 130 hommes sont en garnison à Cézembre.

Début XVIIIe : l’île devient un repaire de contrebandiers, qui y font transiter tabac et alcool.

1720-1736 : Les bâtiments militaires sont transformés en lazaret, pour mettre en quarantaine les équipages des navires de retour d’Inde. On craint la peste, le choléra et le typhus.

1733-1735 : Cézembre est utilisée comme carrière de pierre pour réparer la chaussée du Sillon.

1792-1793 :  la fortification de l’île a continué tout au long du XVIIIe siècle : batteries, pièces d’artillerie, galeries, abri à munition, mur de protection. Mais le corps de garde est réduit à 15 hommes, les unités militaires ayant été évacuées.

1905 (17-18 nov.) : naufrage du Hilda qui se fracasse sur l’île. Une centaine de victimes.

1910 : Cézembre est sous administration militaire. 100 prisonniers « disciplinaires » de la Marine et des bataillons coloniaux y sont envoyés. Devant le tollé soulevé par leur arrivée et l’opposition du maire, Charles Jouanjan, l’expérience prend rapidement fin.

1914-1918 : l’île accueille les « disciplinaires » belges. Ils restaurent l’oratoire de Saint-Brendan.

« Île de Cézembre. Intérieur de la Chapelle de la compagnie belge. »

1920 : l’île redevient accessible aux civils, à condition qu’ils soient français. Les anciens bâtiments militaires sont reconvertis en un café et un petit hôtel. Le lieu est prisé pour les pique-nique en famille.

1926 : une touriste parisienne enceinte donne naissance un enfant lors de son séjour. C’est le seul être humain connu né sur l’île.

« Île de Cézembre. Intérieur de la Chapelle de la compagnie belge. »

1939 : la Marine réarme l’île. Les troupes allemandes arrivent en 1940.

1942 : l’organisation Todt prend possession de l’île pour la fortifier.

(Philippe Delacotte, p. 45)

(Exposition permanente, site de Cézembre)

9 août 1944-1er septembre : bombardements intenses de l’île par l’armée alliée, qui effectue plusieurs raids au napalm. Deux propositions de reddition sont refusées par les Allemands. Il exite une impressionnante vidéo d’archives qui montre les bombardements et la capitulation. Le commentateur américain y annonce fièrement qu’on a fait usage du napalm.

(Philippe Delacotte, p. 45)

2 septembre 1944 : capitulation allemande.

Le bombardement et la capitulation du commandant Seuss (photos : American Army)

1944 : Eugène Gautier, capitaine d’armement d’une compagnie de Vedettes, est autorisé à reconstruire un bâtiment, qui deviendra le restaurant Le Repaire des Corsaires. Tout ce qui se trouvait sur l’île a été détruit et il n’existe plus de source d’eau potable.

1950 : après son désobusage, réouverture de la plage. Mais le lieu reste fermé au public au-delà de celle-ci. Jusqu’en 1976, il est officiellement interdit d’y débarquer sans une autorisation de l’armée.

1962 : réintroduction (éphémère) des mouflons.

1966 : création d’une école de voile, le Centre nautique de Saint-Malo Cézembre.

1996 : Cézembre sera rendue au Conservatoire du Littoral (crée en 1975), à condition que l’armée prenne en charge les opérations de dépollution.

2008 : dépollution totale de la plage : soixante tonnes de ferraille et trois cents projectiles sont retirés.

2017 (mars) : fin de la dépollution d’un itinéraire de 800 mètres, sur le flanc ouest de l’île. 10 tonnes de ferraille sont retirées du chantier. Le reste de l’île demeure intouché (zone Natura 2000) afin de préserver la flore et la faune qui se sont réinstallées.

Dépollutions de 2008 et de 2018. Photo Franck Meslier, cité par Philippe Delacotte (p.70) et  Marine Nationale.

2018 : ouverture du sentier au public.

Photo HG