Les goémoniers





 

« Aujourd’hui, qui se souvenait qu’avant le grand ennoyage de la baie, la roche austère, ravinée de sel et de goémon, avait hébergé des vergers, des buissons de mûres et de framboises, des langues de terre humide où les vaches s’étaient repues d’herbe grasse tandis que les lapins avaient creusé leur terrier ? Et les vestiges des bâtiments des fermages, les ruines du légendaire monastère de Saint-Scubilion, que certains marins prétendaient avoir aperçu à marée basse au large de Rochebonne ? Dormaient-ils vraiment sous le plancher de l’eau, dans le vertigineux silence de la mer, loin du staccato de la pluie qui ricochait maintenant sur sa surface ?  »

Cette photo a été prise au milieu d’un jour de grande marée, quand les coefficients sont si hauts qu’à marée basse, la mer recule fort et découvre loin l’estran.

Cela fait le bonheur des pêcheurs de coquillages.

Voyant ces silhouettes ainsi penchées, je songe aux ramasseurs de goémon, qui plusieurs siècles plus tôt venaient chercher leur provende en bord de grève.